Avant, lorsque je recevais Télérama, je filais droit à la chronique « mon oeil » d’Alain Rémond. Depuis, plusieurs années que la direction s’est séparée de son talent, Alain nous manque cruellement avec son impertinence et son humour-pince-sans-rire. Alors maintenant, chaque mercredi, mon réflexe premier est de courir, non pas à la chronique de son remplaçant, mais au courrier des lecteurs où je trouve souvent matière à réflexion, avec parfois beaucoup d’humour (les lecteurs de Télérama ont en général plus d’humour que les rédacteurs du journal, un peu coincés par leur académisme parisien très étroit).
Ainsi dans le numéro de la semaine dernière, ce courrier d’Elizabeth Giordano qui m’a fait beaucoup rire : « Une femme meurt tous les quatre jours de mauvais traitements conjugaux. Au nom du principe de précaution, je propose de tuer tous les hommes ». Ah, si les femmes se mettent à avoir autant de pulsions de violences que nous, les mecs, où va le monde ?
Je cite : les lecteurs de Télérama ont en général plus d’humour que les rédacteurs du journal, un peu coincés par leur académisme parisien très étroit.
Ben dis donc, si j’avais osé dire ça de télérama, c’que tu m’aurais mis ! J’aurais peut-être même fait partie des statistiques !
Oui Mag, tu peux être surprise de mes propos mais ils ne contredisent pas ce que je dis habituellement sur ce journal. Je suis partisan de tout ce qui peut nous tirer vers le haut et, pour cette raison, je suis et reste un fervent défenseur de Télérama (bien que ne regardant jamais la télé). Je pense qu’il faut aujourd’hui défendre, plus que jamais, ce qui est de qualité et notamment la Culture (avec un grand « C »), qu’il s’agisse de journaux ou de radios comme France Inter, Frances Musique ou France Culture.
Mais il y a dans Télérama un côté très « discussion de salon parisien ». Pour moi, Télérama serait le journal idéal s’il était écrit aussi par des provinciaux et si l’on y racontait aussi ce qui passe dans le fond de nos campagnes et aussi la vie culturelle de nos villes de quelques centaines de milliers d’habitants seulement. Il y a souvent des articles qui m’énervent dans Télérama (enfin de moins en moins, car je le lis … de moins en moins souvent justement) mais il y a aussi beaucoup d’articles de fond, notamment sur des problèmes de société, dont on ne retrouve pas l’équivalent dans d’autres journaux.
Quant à l’académisme de Télérama, je pourrais développer mes propos, mais ça peut faire l’objet un jour d’un article dans mon blog… ! Donc, je me garde un peu de matière pour plus tard … ou pour en reparler autour d’une bière, non ?
Je te cite Bernard : »Télérama serait le journal idéal s’il était écrit aussi par des provinciaux et si l’on y racontait aussi ce qui passe dans le fond de nos campagnes et aussi la vie culturelle de nos villes de quelques centaines de milliers d’habitants seulement. »
Mais y a-t-il un journal de province, qui raconte ce qui se passe dans nos campagnes, nos bours et nos petites villes ?
Quant au côté parisen des choses, nul besoin d’aller si loin ; je côtoie régulièrement des franc-comtois installés à Besançon qui vont preuve du même académisme. Vive la décentralisation !!
A la 6ème ligne, lire nos bourgs dont dérivent les mots bourgade, bourgeois, s’embourgeoiser et Bourg-Madame !!!
Oui, Bernard, Alain Rémond nous manque beaucoup. Mais ce que nous avons perdu avec le journaliste nous pouvons en retrouver une part chez le romancier qu’il est (re)devenu. Dans « Chaque matin est un adieu », il nous bouleverse par ses confidences, par la justesse du ton qui nous entraîne dans son intimité douloureuse d’enfant fragile.
Quant au principe de précaution visant à éliminer tous les hommes… il faut voir ça de près !
Et je pose une question : comment procéderaient-elles ? Elles nous étoufferaient dans leurs bras ?
– Cela me rappelle quelques propos eugénistes de certains scientifiques, et non des moindres, qui, s’inspirant des théories de Darwin avaient élaboré la théorie de la sélection artificielle pour les humains.
…Comment ça ? En ne soignant pas les « bouches inutiles », en mettant de côté les schizophrènes, les débiles et les alcooliques… et en les éliminant dans des chambres à gaz !!! Ca vous rappelle quelque chose ? A moi aussi. Et figurez-vous, qu’à côté du Lyonnais Alexis Carrel (Prix Nobel de médecine) on trouve le père Jean Rostand, le « brave homme de Ville d’Avray », qui, tous les deux ont approuvé la mise en pratique de cette sélection artificielle par…. Hitler. Si vous ne me croyez pas, lisez la revue Pour la Science du mois d’avril 2006 ou l’ouvrage de Patrick TORT « L’homme cet inconnu ? Alexis Carrel, Jean-Marie Le Pen et les chambres à gaz ». 1992….
Alain Rémond n’a pas disparu, il oeuvre désormais (en dehors de son travail de romancier à succès) dans… La Croix, je crois, où il tient une chronique régulière. Comment ? Vous ne lisez pas ? Et vous n’imaginez pas le faire ? Il y a pourtant ici, dans ce blog et ses commentaires (sans vouloir vexer personne), un ton très « catho de gauche » qui devrait bien aller avec la ligne de ce journal (et qui est soit dit en passant assez proche de celui de Télérama qui, si je ne me trompe pas, fait partie du même « groupe »).
Heu… Par « catho de gauche » (j’entends déjà vos hauts cris), j’entends simplement « bien pensant », ou « moraliste », bref « facilement scandalisé par l’ignominie du monde », ce qui ne cesse de m’intriguer d’ailleurs de la part de… naturalistes, donc de personnes j’imagine habitués à observer la cruauté du monde naturel, son « amoralisme ». (Si quelqu’un peut m’expliquer ce qui me paraît un étrange paradoxe, je suis preneur et remercie d’avance !).
A part ça, je suis ravi de vous signaler qu’il existe bien un « journal écrit par des provinciaux et racontant ce qui se passe dans le fond des campagnes, nos bourgs et nos petites villes » : ça s’appelle « L’Est Républicain », vous ne connaissez pas ? Heu… Je ne veux pas encore commenter « à rebrousse poils » mais… c’est en fait assez vite lassant. (Mais ce n’est que mon avis, peut-être apprécierez-vous !)
(PS : Je ne me rappelle plus ce qui a provoqué le départ d’Alain Rémond de Télérama… Quelqu’un peut-il me rafraîchir la mémoire ? Je crois me rappeler que c’était une « affaire » bien anecdotique)
Première réponse à Vincent qui nous emmène sur un (plusieurs ?) débat qui risque de bien alimenter le blogadupdup !
Moi, j’aime bien les « cathos de gauche », ceux qui sont « facilement scandalisés par l’ignominie du monde », ça me réconcilie régulièrement avec la religion ; j’aime bien aussi les musulmans de gauche, les protestants de gauche, etc…
Par contre je ne comprends pas bien le rapport avec la pseudo-cruauté du monde animal ; d’ailleurs, ne connaissant pas toutes les personnes qui écrivent sur ce blog, je ne suis pas sûre que nous soyons tous des naturalistes acharnés. Bref, en observant la nature, pour ma part, je ne me suis jamais fait la réflexion que les animaux sont chargés d’amoralisme. Ils SONT, c’est tout, et cherchent à le rester. Donc les herbivores mangent de l’herbe, les prédateurs mangent des proies, les malades meurent, et les plus forts se reproduisent. Et quand un héron mange une grenouille, on ne peut pas dire qu’il est « méchant », il cherche simplement à se nourrir. La morale est une valeur bien humaine, et heureusement (voir la fin du message de Roland ci-dessus).
Ensuite, en ce qui concerne l’Est Républicain, ben, si, je connais… Mais ce n’est pas trop un journal national. Dans la même lignée, on peut signaler le JT de 13h de TF1, qui est cette fois-ci bien diffusé partout en France, et qui montre joyeusement comment les bouseux restent des bouseux (pas d’insulte là-dedans, j’assume bien ma vie rurale, mais je ne me reconnais pas dans les extraits que j’aperçois au zapping).
Voili, voilou,
Mag, athée de gauche
Mag « […] d’ailleurs, ne connaissant pas toutes les personnes qui écrivent sur ce blog, je ne suis pas sûre que nous soyons tous des naturalistes acharnés […] »
Je confirme, je suis tout sauf un naturaliste acharné