Il y a trois jours, j’avais annoncé un scoop, en disant qu’une quatorzième espèce était venue sur ma main. Je n’avais pas dit le nom mais fait saliver quelques-uns en disant simplement que c’était encore plus invraisemblable que le geai, le pic épeiche ou l’écureuil. Voilà donc l’histoire, telle qu’elle s’est déroulée.
En même temps que je nourris des oiseaux avec du tournesol, des noix ou des noisettes, je mets un peu de déchets de viande sur le terrain derrière la maison et j’ai l’habitude d’avoir comme hôte principal la buse variable, accompagnée parfois de la pie bavarde et de la corneille. Cette année, les buses ont beaucoup plus faim que d’habitude (les centres de soins pour rapaces de Lons-le-Saunier ou de Lyon regorgent cet hiver de buses maigres et épuisées) et j’ai eu la surprise de voir, jeudi de la semaine dernière, onze buses en même temps sur les déchets de viande. Je n’avais jamais attiré autant de buses depuis l’hiver froid de 1986.
Dans la journée, une idée un peu saugrenue m’est venue : et si je mettais de la viande sur ma main, est-ce que l’une d’entre elles oserait venir ? J’ai appelé Michel (avec qui j’avais déjà prévu de faire des photos de petits passereaux le lendemain) en lui disant que j’allais peut-être tenté d’attirer la buse sur ma main. Je suis allé m’acheter une paire de gants (j’aurais bien essayé mains nues, mais Joëlle s’y est formellement opposée !).
Le lendemain matin, Michel s’est installé dans son petit affût, à quelques mètres du mien (je rappelle que je suis planqué dans un abri en toile, que je laisse dépasser mes mains pleines de nourriture et que j’ai fait une ouverture dans la toile pour voir les oiseaux à 30 cm de mes yeux). Au bout d’une heure environ, une première buse est arrivée et a mangé un peu de nourriture que j’avais mise au sol. Et puis la pression a augmenté, d’autres buses ont commencé à tourner. L’une d’elles est enfin venue sur la mangeoire à un mètre de moi. Quand elle a eu fini de dévorer le petit morceau de viande que j’avais mis, elle est venue d’un seul coup sur ma main. Séquence émotion ! La buse est peut-être restée deux ou trois minutes sur ma main. Je ne me rappelle pas vraiment des détails, j’étais un peu dans un rêve. Je n’ai pas gardé l’impression d’un oiseau lourd, je ne me rappelle pas non plus avoir senti ses serres.
Michel a fait trois photos. On avait prévu un cadrage beaucoup trop serré, il aurait fallu un 135 mm plutôt qu’un 200. Michel devait donc attendre que la buse se baisse de temps en temps pour avoir dans le viseur, à la fois la main et l’oiseau. Petit problème d’exposition ou d’accus qui avaient du mal à recharger par le froid, les trois photos sont plutôt très sombres. En voici donc une, à titre de document !
Mon histoire d’oiseaux sur la main est sur le point de s’achever, au moins au niveau du récit, car je continuerai cette activité qui m’a passionné tout un hiver. Il y aura peut-être encore une ou deux nouvelles espèces d’ici la fin de l’hiver (j’espère que le gros-bec viendra ce week-end) mais avec un rapace aussi spectaculaire que la buse, je crois que la limite est atteinte. Mais bon, il y aura encore au moins un petit « article-bilan » en fin d’hiver !
Un seul mot : BRAVO !
Bernard n’est pas un fauconnier, mais plutôt un Dr MABUSE !
Jusqu’où n’ira-t-il pas ce héraut de la cause aviaire ?
Moi j’admire et j’aimerais bien pouvoir en faire le dixième !!!
C’est toi, Roland, qui lui a donné la passion des oiseaux et tu peux en être très fier. C’était en 1977 dans la Dombes, tu t’en rappelles ?
Mais, si je n’m’abuse, c’est la première fois que ça t’arrive ?!
Bien sûr que je me souviens de cette excursion dans la Dombes !
Je crois même que Bernard nous avait déjà chanté du Brassens à la veillée, devant une bière !!!
Heureux temps ! Et bons présages !!!